Laëtitia Mendes, Queen "Sans Gène"
- K et F
- 24 janv. 2019
- 11 min de lecture
Hey les pétales,
Je vous souhaite à toutes et à tous une bonne année. Que vos rêves se réalisent, que vos
objectifs soient atteints, que votre santé soit au top et, surtout, soyez heureux. N’oubliez pas
de savourer chaque petit instant de la vie.
Pour commencer cette nouvelle année en beauté, je vous propose une interview de la
sublime fondatrice de l’association GENETICANCER, Laëtitia Mendes.
Laëtitia, c’est une super “meuf démente” ! Elle est adorable, gentille, drôle, belle, douce et
surtout, humaine. Elle est conseillère en image et a fondé son agence de conseil en image et
de communication “Charism”. Comme je l’ai dit plus haut, elle a aussi fondé l’association
GENETICANCER qui est dédiée à la lutte contre les cancers génétiques et/ou héréditaires.
Elle nous fait l’honneur de nous accorder un peu de son temps pour nous livrer ces quelques
réponses.
J’espère que cette “meuf démente” vous plaira tout autant qu’elle me plait à moi.
N’hésitez surtout pas à aller vous abonner à elle (@laetitia_mendes), à GENETICANCER
(@geneticancer) et à CHARISM (@agencecharism) sur Insta.
Je vous laisse découvrir l’interview de la touchante Queen Lélé. Bonne lecture les pétales.
- K from bykatrence

K : Vous avez subi une double ablation car vous étiez porteuse du gène BRCA comme
votre maman avant vous. Vous avez décidé de parler du combat que vous meniez
suite à la prise de parole d’Angelina Jolie sur sa double mastectomie lors du Festival
de Cannes le 14 juin 2013. Pensez-vous que vous en auriez parlé si Angelina n’en
avait pas parlé ?
Laëtitia : Non, jamais. Je n’en aurais jamais parlé pour la simple et unique raison que le sujet était vraiment très méconnu en France. Elle a fait, grâce à son annonce, la plus grosse
campagne de prévention et d’information. C’était donc beaucoup plus facile pour moi de dire “J’ai fait cette intervention comme Angelina” plutôt que de rentrer dans les détails comme elle a dû le faire via sa tribune et expliquer, justifier son choix. Je pense que c’est déjà suffisamment lourd de sens comme ça à faire. Je n’aurai pas pu réussir à prendre les
devants sans qu’il y ait une personnalité publique qui puisse s’en affranchir. C’est sûr,
qu’aujourd’hui, je serais encore dans ma tanière. J’aurais peut-être avancé dans ma famille,
mais je n’aurais pas, eu ce même rôle et je n’aurais sans doute pas pris le flambeau comme je l’ai pris à ce moment-là.
Ça m’a donné plus de force aussi de me dire que je ne suis pas toute seule et ça va être
beaucoup plus facile pour moi d’être le relais français parce qu’évidemment, Angelina étant
intouchable, j’ai eu même-moi des questions où je me suis dite “ah là là, j’aimerais tellement
prendre mon téléphone et l’appeler et lui poser des questions pour savoir comment ça s’est
passé pour elle”. Je me suis dite d’autres personnes vont avoir envie de le faire et, c’est sûr, qu’il n’y aura pas Angelina pour répondre donc autant que ça soit moi qui puisse peut-être orienter le chemin de ces différentes femmes et ces différentes familles.
Vous avez écrit un livre “Mon petit gène, ma seconde chance” pour raconter votre
histoire. Le fait d’écrire a-t-il été libérateur pour vous ? Quelle a été la démarche
derrière?
Ça a été plus que libérateur. Je pense que ça a vraiment été thérapeutique. Ce n’était pas
simple de mettre des mots sur ce que j’avais vécu. J’arrivais difficilement à m’exprimer à
l’oral, donc je me suis dit que ça serait peut-être plus facile pour moi de trouver la façon de
pouvoir m’exprimer par écrit. Et c’est vrai que, au fur et à mesure des lignes que j’écrivais
par rapport à mon histoire familiale, par rapport à tout ce que j’avais déjà dépassé, je me
suis vraiment rendue compte que j’avais déjà commencé un peu ce travail de résilience.
L’écriture m’a vraiment permise d’aller au bout de ça et de finir de m’apaiser et, surtout, de
m’aider à digérer cette prise de décision qui avait quand même été très difficile. Donc
comme en plus, il y avait la presse, il y avait tout ce côté physique, il y avait le fait d’être très complexée du résultat de ma nouvelle poitrine, J’avais vraiment besoin, je pense, comme dans un journal intime, de faire mes confessions.. Ça m’a permis de me soigner la tête et le moral.
J’encourage les femmes ou les différentes personnes qui peuvent être dans des situations
de grandes difficultés, d’essayer d’écrire. C’est vraiment un exutoire et ça permet de se
rendre compte du chemin parcouru, de tout ce qu’on a déjà fait pour arriver jusque-là et
exprimer ses émotions. Il y a des choses qu’on peut difficilement exprimer par la voix et c’est plus facile, au final, de mettre des mots. Ma sœur, elle a trouvé une façon de le faire, un peu sans voix et sans mots, en dansant : c’est donc encore une autre forme d’expression. Je pense que, dans la thérapie d’une façon générale, pour pouvoir avancer, on a vraiment besoin de le matérialiser. Il est vrai que l’écriture m’a permis de le rendre publique et universel : un peu comme un acte de paix et de sérénité avec moi-même.
Vous avez fondé l’agence de conseil en image et communication “Charism” en 2011
suite à votre reconstruction mammaire. Ce changement d’orientation professionnelle
a-t-il sonné comme une évidence pour une reconstruction personnelle?
Oui parce que j’étais mon propre cobaye. Pendant cette formation, je me suis dite “Bon,
qu’est-ce que je peux faire, à part aller chez un psy, alors que là, je me déteste et que je ne
peux plus enfiler mes vêtements sans avoir l’impression de me dégoûter dans le miroir.”
C’était compliqué parce que personne ne pouvait le voir, mais moi, j’avais l’impression que
tout le monde ne voyait que ma poitrine abimée à travers des vêtements.
Je pense que c’est un peu le syndrôme des personnes qui traversent des périodes
similaires. Il fallait aussi faire le deuil de mon ancienne poitrine parce qu’elle était très belle
avant. Même si je ne l’aimais pas et que je savais qu’elle représentait un danger pour moi,
j’avais l’impression de ne plus du tout être attirante, de ne plus du tout être féminine et j’avais un vrai rejet de mon image. Donc oui, je me suis dit qu’il y a forcément des gens qui
travaillent là-dessus et, si je peux en faire mon métier, c’est super. Si j’arrive à trouver la
façon dont je vais pouvoir me sortir de ça, je pourrai à mon tour aider d’autres personnes.
Pendant les 6 mois de la formation, chaque jour, j’avais l’impression que j’allais de mieux en
mieux. De comprendre comment utiliser la mode comme une arme, qui allait aussi pouvoir
me protéger dans une enveloppe extérieure qui allait me rendre plus forte et de réussir à me retrouver jolie, à me plaire à moi, avant de pouvoir plaire aux autres. Ça a vraiment été un vrai travail du quotidien. Grâce à la formation, grâce aux outils du conseil en image, j’ai
vraiment pu trouver mon identité. Je me suis sentie chaque jour de plus en plus jolie. Et
même si personne ne le savait dans la formation, moi j’avais l’impression d’avoir quelque
chose de plus, justement qui était caché et que je pouvais abriter, mais qui faisait ma force
intérieure et qui me rendait belle au travers de ce que j’avais vécu.
Ça n’a pas été simple tous les jours. Petit à petit, j’ai troqué le col roulé contre des tops un
peu plus gais, avec des couleurs, avec des formes, pour attirer l’attention différemment mais surtout reprendre ma gaieté. J’ai choisi des vêtements qui me correspondaient mieux, des coupes, des formes de vêtements qui me permettaient aussi de tricher davantage. C’était top parce que j’ai commencé à me sentir mieux dans mon corps et dans ma tête. C’est ça en fait la beauté : c’est être bien dans ses baskets et réussir à trouver le type de vêtements qui veut bien dire ce qu’on a envie de laisser entendre. Ça a été une victoire. Grâce à cette formation, j’ai compris aussi à quel point ce métier était valorisant et utile. Ce n’est pas juste le fait de travailler sur quelque chose qui peut paraître presque superficiel. On peut faire des choses très profondes avec le conseil en image et le style : trouver son propre look, réussir à s’affirmer, se trouver jolie en photos et c’est vraiment un gros gros gros travail sur moi. J’ai réussi à faire ce travail-là grâce à toutes ses épreuves.
Vous avez créé l’association GENETICANCER dédiée à la lutte contre les cancers
génétiques et/ou héréditaires. Concrètement, que fait GENETICANCER?
Concrètement, l’association c’est une association de patients. On regroupe toutes les
familles à risques qui peuvent être, justement, prédisposées à différents types de cancers et pas seulement les cancers du sein ou de l’ovaire. C’est vraiment tous les types de cancers.
C’est la première plateforme en France unique dédiée à ces familles. C’est donc la voix des
familles qui est représentée par l’association via des femmes qui ont, comme moi, eu différents types de parcours, qui sont passées par le test de génétique, qui sont porteuses
d’une mutation génétique et qui, à un moment donné de leur vie, ont eu envie de faire de
leur expérience de vie un support. Aujourd’hui, on fait beaucoup de prévention, on fait de
l’information, on fait beaucoup de groupes de paroles. On crée aussi des supports comme
des brochures. On a également un site sur lequel il est possible de poser des questions, de
rentrer en contact avec des familles qui sont concernées par le cancer. On fait aussi de la
prise en charge et de l’accompagnement quand il y a besoin pour accompagner les familles dans la procédure du test de génétique ou après, éventuellement, dans les chirurgies préventives pour éviter de développer et d’accentuer ce risque.
Il y a une cinquantaine d’ambassadrices en France qui couvrent toute la France. Il y a
également énormément de bénévoles d'adhérents qui sont là pour faire vivre
l’association puisqu’on fait beaucoup de collectes de fonds. Grâce aux financements qu’on
récupère tous les ans, aux dîners de gala, à la vente des teddys, etc. , on arrive aussi à
financer des programmes de recherches et les chercheurs en France pour trouver de
nouveaux traitements et pour pouvoir continuer de faire reculer les cancers et particulièrement les cancers héréditaires.
=> Quelle est la différence entre un cancer génétique et un cancer héréditaire ?
Il n’y a pas une grande différence. Génétique, c’est quand il y a une prédisposition dans la
famille qui porte sur le gène. Héréditaire, c’est qui se transmet sur différentes branches
parentales. Ça revient à dire la même chose, mais il y a quand même une petite particularité sur la nuance du gène.

En 2017 et 2018, il y a eu le magnifique gala de GENETICANCER où un travail de
dingue a été fourni derrière pour qu’il ait lieu. Quelles émotions vous traversent quand
le projet arrive à concrétisation ? Y aura-t-il une 3e édition en 2019 ?
Oui, bien sûr, il y aura une 3e édition parce que c’est un vrai succès dans le sens où, on a
fait parler de l’association et de ses actions auprès du grand public dans de la presse people et autre. C’est très important pour moi parce qu’on cible des gens très jeunes : on sait que c’est important que le message soit délivré auprès de tous parce que la particularité de ces cancers est de toucher les gens de plus en plus jeunes. Forcément, en dehors des médecins, des hôpitaux et peut-être aussi même des personnes qui sont touchées un peu plus tardivement par les cancers, on veut vraiment une communauté très active. Grâce au gala, le succès se fait parce qu’on sent des gens jeunes, investis, actifs. Grâce à notre marraine, on a aussi réussi à mobiliser des peoples et donc des personnalités du monde public qui ont acceptés de nous aider dans cette campagne de prévention. C’est une grande première parce que c’est toujours compliqué de convaincre, surtout quand ce sont des personnalités qui n’ont pas été directement touchées par ces gènes. Touchés par la cause du cancer, ils ont eu envie de nous aider dans notre message et d’aider ces familles de plus en plus nombreuses.
Pour moi, il y a, avant tout, une grande émotion, de satisfaction pour l’association de
parvenir à collecter, à rassembler, à fédérer toutes ces personnes autour de notre projet. Il y aussi une émotion très intense autour de la célébration de la vie et de faire du gala un
évènement festif et joyeux et pas quelque chose de triste. Ça fait du bien aussi, je pense,
aux personnes qui sont passées par des moments compliqués, difficiles, délicats,
douloureux, qui ont eu énormément de chagrin parce que souvent la mort a aussi été là très tôt dans leur famille. Comprendre que c’est vraiment génial quand on est en vie et qu’on a nos pleines possibilités. Qu’on puisse faire la fête, qu’on puisse mobiliser du monde, qu’on puisse collecter de l’argent et des fonds et qu’on puisse enfin se sentir beaucoup plus fort même si on est différent. Ça nous donne vraiment d’autres avantages de force.
Les 3 émotions sont la satisfaction, la joie et le plaisir de se retrouver tous ensembles. C’est
également la force de vie et de caractère qu’ont tous ces gens qui sont très impliqués, qui
sont aussi parfois des gens qui nous suivent, qui sont malades et qui ne peuvent pas
toujours participer au gala, mais qui, à distance, trouvent que c’est super pour eux, et que ça donne beaucoup d’espoir.
Donc oui, évidemment, un grand OUI pour une 3e édition et j’espère encore plus
spectaculaire.
En cette nouvelle année qui commence, avez-vous des projets en préparation et que
pouvez-vous nous en dire ?
Il y a un gros gros gros gros gros projet puisqu’on a remporté, en fin d’année, le prix
PFIZER. C’est un grand prix scientifique qui permet de collecter des fonds supplémentaires.
En fait, on avait pour projet, en plus des brochures, de créer des vidéos multi-langues parce qu’il y a beaucoup de personnes, même en France, qui ne parle pas le français. C’est donc très compliqué pour eux d’avoir accès à l’information sur nos brochures et de lire, tout simplement, ces supports. On va créer des petites vidéos qui vont être disponibles et téléchargeables depuis notre site internet : ils expliqueront, sous forme de BD, pourquoi c’est important de se faire tester et, surtout, comment on peut sensibiliser des membres de sa famille quand on sait qu’il y a eu plusieurs cas de cancers répétés dans une seule et même branche. Pour nous, ça c’est un vrai gros gros projet parce que, à l’heure d’aujourd’hui, avec le multimédia et l’interactif, on sait que les vidéos touchent énormément de monde.
On espère, grâce à nos relais, grâce aux hôpitaux et aux centres de lutte contre le cancer
qui travaillent avec nous, que ça sera encore plus facile de pouvoir les diffuser et, sans
doute, moins coûteux que d’imprimer toutes ces brochures. Il va y avoir un gros travail de
préparation en 3D, parce qu’on va probablement réaliser un petit dessin animé. Ce projet va nous prendre énormément de temps en plus de la préparation du gala. Il y a également des évènements qu’on continue à mener dans les centres commerciaux avec un week-end plein pendant la semaine nationale de lutte contre le cancer. On va renouveler cette opération avec des stands d’accueil, des activités diverses ainsi qu’un petit showcase. Ça se fera essentiellement à Paris parce que, pour l’instant, les bénévoles sont concentrés sur la région parisienne. C’est donc plus facile de monter des évènements de cette envergure sur Paris. Il y aura aussi plusieurs conférences à Dijon, à Toulouse ou à Lyon auxquelles je vais participer.
Ce sont vraiment les 3 grands temps forts de 2019 : les vidéos en multi-langues,
l’événement dans le centre commercial pendant la semaine nationale de lutte contre le cancer en mars et le gala qui aura toujours lieu mi-novembre.
Que peut-on vous souhaiter en 2019 ?
Qu’on sauve le plus de monde possible ! Malheureusement on a encore perdu, cette
semaine, une femme exceptionnelle. Je pense que le plus important c’est qu’on aille vite. Et
qu’on puisse réussir à continuer de mener nos actions comme on le fait avec beaucoup de
modestie et d’humilité. Et surtout, surtout, que les populations d’aujourd’hui s’engagent à nos côtés, qu’on ait plus de bénévoles, plus de dons et que la générosité soit au cœur des
actions des français, des belges, de toutes ces populations qui, pour nous, ont beaucoup de chances. C’est vrai que la solidarité est aussi ce qui nous sauve.
Donc voilà, qu’on puisse sauver le plus de monde possible pour qu’on puisse continuer nos
actions, ce serait déjà un très grand rêve.
Et pour terminer, quels sont les 3 mots qui vous décrivent le mieux ?
Moi, personnellement ? Ouh la la !!, Ça va être la question la plus dure.
Alors, les mots qui me caractérisent le mieux… persévérance… le soleil, parce que pour
moi, c’est un élément primordial de la vie. Je pense que c’est très important d’avoir ce côté
solaire, de toujours prendre la vie du bon côté. Et… le positivisme, de positiver toujours de
plus possible.
Merci beaucoup Laëtitia !
J’espère que cette interview vous a plu. N’hésitez pas à laisser un commentaire et à
partager avec vos amis :)
Sur le site GENETICANCER (geneticancer.org), vous pouvez vous procurer le livre
“Mon petit gène, ma seconde chance”, un super teddy “Monsieur/Madame Sans
Gène”, ou encore un joli tote bag (tout bénéfice est mis au profit des activités de
l’association). Vous pouvez également lire les brochures et poser des questions
directement à la GENETEAM si vous en avez :)
N’oubliez pas d’aller vous abonner à Laëtitia sur Instagram hihi !!
La bise les pétales
K.
Merci pour cet interview d'une femme battante! Quel exemple!